À l'occasion de la sortie de la première vidéo de la série "Into the Rewild" écrite et présentée par Arnaud Hiltzer, nous voulions en savoir plus sur ce mouvement, le Rewilding ou rééensauvagement en bon français.
Arnaud, producteur de vidéos pour des marques outdoor, et citoyen engagé, part à la rencontre des acteurs de ce mouvement, et nous présente des associations qui agissent pour laisser plus de place à la vie sauvage. Dans le contexte actuel et les problèmes que soulève cette épidémie, nous avions quelques questions à poser à Arnaud.
Peux-tu nous expliquer quel est le concept du réensauvagement ou rewilding ?
Le réensauvagement consiste définir des espaces naturels dans lesquels on laisse la nature se gérer elle même, en libre évolution. Pour ce faire, on limite l'action de l’homme en interdisant la chasse, la pêche, la coupe de bois, l’agriculture ou encore l’élevage. Cela peut paraître simple, mais en tant qu’être humains il nous est difficile de ne pas « gérer » la nature et de la laisser tranquille. C’est donc une autre façon de concevoir notre rapport à la nature, et de se laisser surprendre !
Comment as-tu découvert ce concept ?
J’ai découvert le concept en 2015, dans un article qui parlait du décès accidentel de Douglas Tompkins. J’avais entendu parler de Douglas parce qu’il avait fondé The North Face, mais pas pour son activisme. Le mot « rewilding » m’a sauté à la figure, j’ai trouvé ça génial ! Et en creusant j’ai découvert que le couple Tompkins a créé des millions d’hectares de zones réensauvagées en Patagonie avec leur propre argent. Je me suis passionné sur le sujet et j’ai décidé d’explorer le concept en Europe. J’ai rencontré Madline Rubin de l’ASPAS (Association pour la protection des Animaux Sauvages) qui m’a invité à visiter leur Réserve de Vie Sauvage du Grand Barry et j’ai été totalement séduit par le lieu.
Quels est la différence selon toi avec les parcs nationaux ou les réserves naturelles qui existent déjà ?
Les Parcs Nationaux et les réserves naturelle sont indispensables car ils imposent des règles à l’homme pour limiter son impact. Mais on y trouve malgré tout de la coupe de bois, des moutons qui pâturent et des chasseurs. Le réensauvagement va plus loin en interdisant toutes ces activités humaines et permet de créer de vrais refuges pour laisser la biodiversité se développer. Il n’est pas interdit d’aller s’y promener et de l’admirer, bien au contraire, mais il s’agit de ne pas perturber la nature en la laissant tranquille. C’est vraiment important de préserver intégralement le peu qu’il nous reste.
Pourquoi as-tu voulu en faire une vidéo ? est-ce que tu prévois d’en faire plusieurs ?
Avec le covid-19 on ne peut plus se cacher. Nous traversons des crises dont nous sommes les responsables : environnementale, économique, humanitaire et sanitaire. Yvon Chouinard (le fondateur de Patagonia) nous invite à utiliser ce que l’on sait faire pour protéger notre planète. Mon métier étant d’être producteur de films, j’ai voulu mettre mon savoir faire au service de l’environnement en créant une série de films simples et courts résolument tourné vers des solutions d’adaptations. Alors oui, il y aura une suite !
Si tu en fais d’autres, tu veux parler de quoi ? D’autres initiatives dans le monde ou sur des acteurs du mouvement ?
Dans cette première vidéo, j’ai présenté le sujet du réensauvagement et je conclue en invitant tous ceux qui possèdent un terrain à créer une zone de réensauvagement chez eux. C’est ça l’objectif : présenter une idée, aller voir sur le terrain comment ça se passe et proposer quelque chose de concret car beaucoup de personnes souhaitent agir sans toujours savoir comment. Je peux promouvoir des idées fortes et être force de proposition. La prochaine vidéo sera sur le droit à la nature, un concept des pays nordique qui pourrait être implanté chez nous. En tous cas c’est ce que je vais proposer.
Comment on peut aider le mouvement même si on habite en ville ?
Les villes sont quasiment toutes construites autour d’un cours d’eau ou d’un fleuve, c’est par là que l’on peut réensauvager la ville. Pour cela il faut libérer le fleuve en amont, en retirant les digues et le béton et laisser le fleuve faire naturellement des plages, des iles et des crues. Dans certaines villes d’Europe on voit le retour de saumons, loutres et castors, c’est fantastique ! Le meilleur moyen de participer au mouvement est donc de s’investir dans des associations comme l’ASPAS et de faire pression sur les politiques pour avoir une ville plus propre et plus sauvage !
Cette série est présentée par Arnaud Hiltzer, producteur et citoyen engagé et est co-réalisée par Aurélie Miquel Hiltzer.